[INDOLOGY] was "Question for European Indologists"

Rosane Rocher rrocher at sas.upenn.edu
Thu Oct 24 20:43:16 UTC 2013


Is the French /Manuel de grammaire élémentaire de la langue sanskrite 
/to which reference has been made that which I translated from Gonda's 
original German (full title: /suivi d'exercices, de morceaux choisis et 
d'un lexique/, Brill, 1966, translator named on the back of the title 
page)?  I would be delighted to know that it is still in use.  I would 
also be interested to know when readings in devana-gari- are introduced 
in current classes.  When I was a student in Brussels, the introductory 
course in Sanskrit was an "option" course set up for students in Greek 
and Latin classics who were interested in comparative lndo-European 
linguistics, and it was taught in transliteration for their (our) 
benefit.  For those who, like me, developed a passion for Sanskrit and 
wished to pursue it further, devana-gari- was introduced as of the 
second year and then used exclusively.  Is this still a common 
situation, or is Sanskrit now primarily taught for its own sake, with 
readings in devana-gari- right from the start?

Rosane Rocher
Professor Emerita of South Asia Studies
University of Pennsylvania

On 10/24/13 2:03 PM, Lyne BANSAT-BOUDON wrote:
>
> Chers collègues,
>
> On me permettra une contribution, un peu tardive, à la tribune sur 
> l'enseignement du sanskrit en Europe, et, en particulier, en France, 
> telle qu'ébauchée par Christophe Vielle et Judit Törzsök. /Cum grano 
> salis/.
>
> En guise de commentaire au message de Judit Törzsök (4 juillet 2013), 
> je dirai que je suis à l'origine de la tradition locale (indigène ?) 
> du recours au « Gonda » (/Manuel de grammaire élémentaire de la langue 
> sanskrite/), tradition que j'ai moi-même reçue de Charles Malamoud 
> dont j'ai suivi, en 1969, une année d'enseignement du sanskrit (et de 
> « grammaire comparée des langues indo-européennes, option sanscrit »), 
> à l'Université de Nanterre, dans le département d'ethnologie, alors 
> dirigé par Olivier Herrenschmidt (il s'agissait d'une « charge de 
> cours », Charles Malamoud étant alors Directeur d'études à l'EPHE, 
> Section des sciences religieuses).
>
> Quand, en 1983, j'ai succédé à Charles Malamoud, dans ce même 
> département et cette même fonction, j'ai perpétué la tradition, 
> l'ouvrage de Gonda se révélant particulièrement commode en ce qu'il 
> présente la totalité des paradigmes, en un excellent abrégé 
> grammatical, ainsi que des exercices intelligemment gradués et le 
> lexique qui leur est nécessaire. En ce sens, le /Gonda/ me semble 
> justifier son statut de « manuel », ce qui n'est pas le cas de la 
> /Grammaire sanskrite élémentaire/ de Renou, à laquelle Ch. Vielle fait 
> référence dans son message du 4 juillet 2013.
>
> N'étant pas une adepte des méthodes « d'immersion », j'avais jugé 
> nécessaire d'utiliser les paradigmes du /Gonda/ comme point de départ 
> à un exposé grammatical raisonné, dans lequel je m'attachais à mettre 
> en évidence les principes à l'oeuvre dans la phonétique et la 
> morphologie du sanskrit, en un mot, l'organisation logique de la 
> langue. Comme complément au manuel, je proposais ainsi une grammaire 
> descriptive du sanskrit, et, quand cela s'avérait utile pour 
> comprendre la structure de la langue, une grammaire comparative.
>
> C'est ce même /Gonda/ et cette même méthode (complétée par la lecture 
> de textes : /muktaka/ et oeuvres dramatiques, notamment) que j'ai, par 
> la suite, utilisés pendant les onze années de mon enseignement à Lille 
> (1989-2000), et, depuis 2000, à l'Ecole pratique des hautes études, 
> dans le séminaire bi-mensuel que je consacre à des « Questions de 
> grammaire sanskrite », afin de proposer à mes auditeurs et étudiants 
> un cours qui vaut initiation pour les uns, perfectionnement pour les 
> autres.
>
> Quand, en 2000, Judit Törzök m'a succédé à l'université de Lille III, 
> avec mon entier soutien, elle n'a pas changé de manuel, même si la 
> méthode dont elle l'accompagne diffère nécessairement de la mienne. 
> Ainsi évoluent les traditions d'enseignement, « locales » ou non.
>
> Notons, du reste, que l'université de Lille peut se prévaloir d'une 
> tradition sanskritiste qui remonte à Victor Henry, auteur d'un autre 
> manuel, /Éléments de sanscrit classique/(1902). Tradition qui s'est 
> vue revivifiée, après le départ (en 1985) de Jean Naudou pour 
> l'université d'Aix-en-Provence et quelques années d'étiolement, avec 
> un DUFL (Diplôme universitaire de formation en langue) de sanskrit 
> (distribué sur trois années) dont j'ai obtenu la création, et qui est 
> toujours en place au sein du Département de Langues et Cultures Antiques.
>
> Cette relative prédilection pour le /Gonda/ n'enlève rien aux mérites 
> d'autres manuels en langue française (encore que le /Gonda/ dont nous 
> parlons ne soit que la traduction française d'un original allemand, 
> comme le rappelle Ch. Vielle), ni à ces deux remarquables grammaires, 
> oeuvres de Renou, que sont la /Grammaire sanskrite élémentaire 
> /(1945), et la /Grammaire sanskrite/ (1935), que ses utilisateurs 
> appellent affectueusement sa « grosse » grammaire. Quant à la 
> grammaire de Pierre-Sylvain Filliozat, /Grammaire sanskrite 
> pâninéenne/ (1988), elle est précieuse en ce qu'elle expose le point 
> de vue de la tradition grammaticale indienne, mais peut-être difficile 
> d'emploi pour une initiation au sanskrit destinée à des occidentaux.
>
> Au nombre de ces manuels en langue française, il convient de citer 1) 
> le « Bergaigne », autrement dit, le /Manuel pour étudier la langue 
> sanscrite/(1883), que j'ai longuement fréquenté en ma qualité 
> d'étudiante d'Armand Minard, impeccable grammairien qui exigeait de 
> ses élèves qu'ils en aient déchiffré les 222 stances avant le début 
> des cours (Renou en soulignait la difficulté, prometteuse de succès ; 
> Minard, lui-même, concédait que la « voie royale tracée par 
> Bergaigne » était « assez raboteuse ») ; 2) les /Éléments de sanscrit 
> classique/(1902) de Victor Henry, auxquels j'ai encore recours 
> occasionnellement, pour certains exercices, notamment ; 3) les 
> derniers en date : le manuel de Sylvain Brocquet, /Grammaire 
> élémentaire et pratique du sanskrit classique/ (2010) et une méthode 
> /Assimil/ de sanskrit, dont Nalini Balbir est l'auteur, et que je n'ai 
> pas encore consultée.
>
> Quant à l'enseignement du sanskrit, il se donne également à Toulouse, 
> avec les cours d'Yves Codet, associé à un enseignement de grammaire 
> comparée des langues classiques. Yves Codet utilise un petit manuel 
> indien pour débutants : le /Sa//m?skr?taba?la?dars?ah?/(/Infant 
> Reader/) de Vidyasagar Sastri (1972, 31ème édition), qu'il a 
> partiellement repensé en fonction du niveau de difficulté des exemples 
> proposés, et conseille la /Grammaire sanskrite élémentaire/ de Renou.
>
> Je conclurai en rappelant qu'il existe une école indianiste française, 
> illustrée par de grands noms, dont la plupart étaient des agrégés de 
> grammaire (en l'occurrence, grammaire comparée des langues 
> indo-européennes), spécificité bien française, mais fort utile à qui 
> s'essaie à pénétrer les arcanes du sanskrit.
>
> Enfin, on me pardonnera d'avoir utilisé, ici, la langue française, 
> autre tradition locale, en voie, semble- t-il, de prâkritisation 
> tacite. Il va sans dire que je suis prête à en fournir une version 
> anglaise, si nécessaire.
>
>  Sahr?dayam,
>
> Lyne Bansat-Boudon
>
> Lyne Bansat-Boudon
> Directeur d'études pour les Religions de l'Inde
> Ecole pratique des hautes études, section des sciences religieuses
> Membre senior honoraire de l'Institut universitaire de France
>
>
>
>
>
>
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